27 mars 1942 – déportation de Henri Lang (1895-1942)

Ingénieur polytechnicien, directeur à la SNCF.

Arrêté le 12 décembre 1941, déporté le 27 mars 1942 au camp d’Auschwitz-Birkenau, où il décède d’épuisement en mai 1942.

Salomon Henri Lang naît le 13 juin 1895 à Rambervillers (Vosges) dans une famille juive d’origine alsacienne.

Après avoir fait des études brillantes au lycée Lakanal puis au lycée Charlemagne, Henri Lang est reçu, en 1913, à l’École polytechnique. En 1914, il est mobilisé et combat jusqu’à la fin de la guerre en qualité d’officier d’artillerie ; il est cité deux fois pour sa bravoure. En mars 1919, il retourne à l’École polytechnique. Il sort 7e de sa promotion et intègre le Corps des ponts et chaussées. 

En 1921, Henri Lang se marie avec Jacqueline Hirsch, issue d’une famille de la grande bourgeoisie juive parisienne. Très cultivée, ayant fait des études de droit et prêté serment, elle n’exercera néanmoins jamais son métier d’avocat, préférant se consacrer à son mari et à ses enfants.

Henri Lang participe à la conception et à la construction de divers ouvrages d’art comme le pont de la Tournelle, le pont de la Concorde, la pointe orientale de l’ile de la Cité ou encore le barrage de Suresnes. En août 1929, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. 

Dans les années 1930, il devient ingénieur en chef du service Voie et Bâtiments de l’Administration des chemins de fer d’Alsace-Lorraine. En parallèle à ses missions, il exerce les fonctions de professeur de la Chaire de maçonnerie de l’École des Ponts et Chaussées. En 1938, à la création de la SNCF, il est nommé sous-directeur de la région Sud-Est.

Suite aux lois raciales du régime de Vichy, Henri Lang est destitué de ses fonctions d’enseignement ainsi que de la direction du Sud-Est. Il reste néanmoins, jusqu’à son arrestation, chargé du projet d’électrification de Paris – Lyon. Pendant cette période, il s’engage dans la Résistance, transmettant des informations, traduisant des textes et prêtant des documents pour la confection de faux papiers.

 Le 12 décembre 1941, deux feldgendarmes l’arrêtent à son domicile lors de la “rafle des notables” et l’emmènent au camp de Royallieu à Compiègne. Malgré plusieurs démarches faites pour le libérer, il est déporté le 27 mars 1942 par le premier convoi vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Portant le numéro matricule 28105, il meurt d’épuisement deux mois plus tard, le 21 mai 1942.

Source : Nathalie Bibas, Henri Lang (1895-1942). Un dirigeant de la SNCF mort à Auschwitz. Editions LBM, 2012.

Photo : Portrait d’Henri Lang. France, noël 1938.  © Mémorial de la Shoah/coll. Catherine de Béchillon

 

 

27 mars 1942 – déportation de Sadi Lévy-Lattès (1901-1942)

Ingénieur des Arts et Manufactures, résistant.

Arrêté le 12 décembre 1941 et déporté le 27 mars 1942 au camp d’Auschwitz-Birkenau où il est assassiné le 13 avril 1942. 

 

Sadi Lévy-Lattès est né le 20/02/1901 à Nice (Alpes-Maritimes, France). Il est le fils de Joseph Lévy-Lattès et Blanche Alexander. Il est marié avec Renée Lévi. Ils ont deux enfants, Robert et Denise.

Il est ingénieur de l’école Centrale des arts et manufactures. Il habite 18 Rue Gustave Zédé à Paris 16e. Il est arrêté à son domicile le 12/12/1941 et interné au camp de Royallieu à Compiègne (Oise).

Il est déporté sans retour par le premier convoi parti de Compiègne le 27/03/1942 à destination du camp d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) où son numéro matricule est 28257, et où il est assassiné le 13/04/1942. Sadi Lévy-Lattès est médaillé de la Légion d’Honneur dès le 14/02/1948, puis médaillé de la Résistance française à titre posthume par décret du 29/11/1955.

Sources : Archives du Mémorial de la Shoah ; « Woman kept heritage secret for decades », The Dallas Morning News, 20/12/2009.

Photo : Sadi Lévy-Lattès avec des camarades, 1939-1940. © Mémorial de la Shoah

20 juillet 1942 – déportation de Henri Borlant

Né à Paris en 1927, dans une famille d’origine russe.

Arrêté le 15 juillet 1942 et déporté le 20 juillet 1942 à Auschwitz-Birkenau, avec une partie de sa famille, dont il est le seul survivant.

Henri (Hirsch) Borlant naît le 5 juin 1927 à Paris dans une famille juive d’origine russe, le quatrième d’une fratrie de dix enfants. Ces parents ont été naturalisés en mai 1927, un mois avant sa naissance. A la veille de la déclaration de guerre de 1939, la famille est évacuée du 13e arrondissement de Paris et se réfugie à Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire). Un des frères, Léon, est mobilisé dans l’armée française.

Les enfants Borlant sont scolarisés à l’école catholique et sont baptisés, avec l’accord des parents pensant ainsi protéger leurs enfants. Découvrant la foi chrétienne, Henri souhaite devenir prêtre mais les lois raciales du gouvernement de Vichy l’en empêchent. Il quitte alors l’école à 14 ans et entre en apprentissage dans un garage.

Le 15 juillet 1942, la veille de la rafle du Vel d’Hiv à Paris, Henri, sa mère Rachel, sa sœur Denise et son frère Bernard sont arrêtés à Saint-Lambert-du-Lattay, à leur domicile, par des soldats allemands de la « Feldgendarmerie » venus rafler les personnes ayant entre 15 et 50 ans. Ils sont conduits à Angers et enfermés dans le Grand Séminaire. La mère, invalide, est relâchée. Le père est arrêté à son tour. Entassés dans des wagons à bestiaux comme 824 autres personnes, Henri, Bernard, Denise et leur père Aron font partie du convoi 8 qui quitte la gare Saint-Laud d’Angers le 20 juillet, en direction du camp d’Auschwitz-Birkenau.

Sélectionné pour le travail, Henri porte le matricule 51055. Après trois ans de captivité, il s’évade la veille de l’arrivée des Américains. Rapatrié en France le 16 avril 1945, il retrouve à Paris sa mère et ses frères et sœurs, non déportés. Il reprend l’école et devient médecin. Un des rares survivants parmi les 6 000 enfants juifs de France de moins de seize ans déportés à Birkenau en 1942, il commence à témoigner à partir des années 1990 ; il participe notamment au documentaire Les Survivants de Patrick Rotman en 2005. Il est l’auteur du livre Merci d’avoir survécu, publié en 2011.

Source : Henri Borlant, Merci d’avoir survécu, Paris, Seuil, 2011.

Photo : Henri, Denise et Raymonde Borlant posant dans leur jardin à Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire). France, 1942. © Mémorial de la Shoah/Coll. Henri Borlant

 

 

18 septembre 1942 – déportation de Charles Baron

Né à Paris en 1926 d’un père polonais et d’une mère française.

Arrêté le 12 septembre 1942 et déporté le 18 septembre 1942 à Auschwitz-Birkenau.

Seul survivant de sa famille.

Charles Baron naît le 18 juillet 1926 à Paris dans une famille juive modeste, enfant unique d’un père d’origine polonaise et d’une mère française.

Sous l’Occupation, l’inquiétude et la peur grandissent au sein du foyer, qui est progressivement exclu de la société. En juillet 1942, alors qu’une arrestation massive est annoncée, Charles est envoyé à la campagne chez ses grands-parents, ouvriers agricoles à Celle-les-Bordes (Yvelines). Ses parents sont arrêtés à leur domicile le 16 juillet 1942 lors de la grande rafle du Vel’ d’Hiv. Ils sont internés au camp de Drancy avant d’être déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau par le convoi 10 le 24 juillet 1942. Sa mère est gazée à son arrivée et son père sélectionné pour des « expériences » pseudo-médicales par le docteur SS Johann-Paul Kremer. 

Charles est recueilli par le frère aîné de sa grand-mère à Paris. Apprenti maroquinier, il est arrêté à son tour, le 12 septembre 1942, par la police du commissariat de Versailles (Yvelines) lors d’un contrôle à la gare de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Seine-et-Oise). Il est interné à Drancy pendant cinq jours avant d’être déporté par le convoi 34 du 18 septembre 1942 à destination d’Auschwitz.

Débarqué à Kosel (Pologne), il passe par les différents camps de travaux forcés (annexes d’Auschwitz et de Gross Rosen). Transféré à Dachau (Allemagne) pour la construction d’une usine d’armements secrets, il réussit à s’évader avec un ami d’un train d’évacuation. Ils sont recueillis par des villageois et libérés par les troupes américaines le 29 avril 1945.

Extrêmement affaibli et ne pesant que 29 kg, Charles est rapatrié à Paris, trois ans jour pour jour après sa déportation. En 1950, il se marie avec Micheline, une fille de déporté. De ce mariage naissent deux filles.

Très tôt, Charles Baron commence à témoigner, s’engageant ainsi dans le combat d’une vie : raconter l’horreur et l’inhumanité des camps à travers son expérience. Il s’éteint le 4 octobre 2016 à l’âge de 90 ans.

Source : témoignage de Charles Baron, production Mémorial de la Shoah (T_Baron_Charles_DT)

Photo : Charles Baron avec ses grands-parents maternels, Monsieur et Madame Tzigler, ouvriers agricoles, à la Celle-Les-Bordes en Yvelines. France, [s.d]. © Mémorial de la Shoah / MJP/ Baron

23 septembre 1942 – déportation d’Hélène Jakubowicz (1925-1942)

Née en 1925 à Paris, dans une famille d’origine polonaise. Résistante.

Arrêtée en juin 1942 et déportée le 23 septembre 1942 au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle est assassinée. 

Hélène Jakubowicz naît le 8 février 1925 à Paris, dans une famille juive d’origine polonaise installée en France depuis 1920. Elle appartient à une fratrie de 8 enfants.

Dès l’occupation de la France, plusieurs enfants Jakubowicz, membres des Jeunesses communistes, s’engagent dans la Résistance. Dans la cave du domicile familial, 140 rue de Ménilmontant (20e arr.), une petite imprimerie clandestine est installée où sont tirés des tracts antinazis. Charles Jakubowicz, frère d’Hélène, est arrêté par la police française en 1941 mais réussit à s’évader en 1942 et à rejoindre un maquis FTP de l’Indre.

Puis, c’est au tour de Jacques (Zyskind) Arbizer (né en 1922 à Varsovie), l’ami de Charles et fiancé d’Hélène, membre de l’Organisation spéciale du Parti communiste français, d’être arrêté pour fait de résistance, le 13 septembre 1941. Incarcéré à la prison du Cherche-Midi (6e arr.), il est fusillé comme otage au Mont Valérien le 31 mars 1942, en représailles à l’attentat commis le 21 février 1942 au Havre contre une colonne de marins allemands.

Hélène s’engage alors de plus en plus activement dans la Résistance. En juin 1942, elle est envoyée à Troyes pour y livrer des tracts. Probablement dénoncée, elle est arrêtée à sa descente du train et emprisonnée à Clairvaux, puis transférée au camp de Drancy.  Elle est déportée le 23 septembre 1942 par le convoi 36, au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle est assassinée.

La famille Jakubowicz perd ensuite un autre fils, Marcel Isaac, né en 1919. Quand la guerre éclate, il fait son service militaire. Blessé au front, il est démobilisé après l’armistice et retourne à Paris où il entre à son tour dans la Résistance. Il est arrêté et déporté le 13 février 1943 par le convoi 48 au camp d’Auschwitz-Birkenau, sans retour.

Le reste de la famille Jakubowicz survit grâce à la solidarité des voisins et d’un policier qui les prévient des rafles.

Sources : David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Editions Renouveau, 1984.

Photo : Portrait de Hélène Jakubowicz, 1942. © Mémorial de la Shoah/M.J.P.

 

 

23 septembre 1942 – déportation de René Blum

Critique d’art et directeur des Ballets de Monte-Carlo.

Arrêté le 12 décembre 1941 et déporté le 23 septembre 1942 à Auschwitz-Birkenau.

Torturé et tué dès son arrivée au camp.

René Blum, frère cadet de l’homme d’État Léon Blum, naît le 13 mars 1878 à Paris, dans une famille bourgeoise d’origine juive alsacienne. Journaliste et critique d’art au journal « Gil Blas », il contribue à faire découvrir des écrivains et des peintres d’avant-garde et fait publier en 1913, à compte d’auteur, chez Grasset, le roman de Marcel Proust, « Du côté de chez Swann », refusé par d’autres éditeurs. Il devient également président du Club du Septième Art, le premier ciné-club de France.

Quand la Première Guerre mondiale éclate, René Blum se porte volontaire et obtient la Croix de guerre pour sa bravoure au front. Après la guerre, il continue à travailler dans l’art, à fréquenter les éditeurs et à promouvoir les arts décoratifs, un nouveau domaine, en contribuant notamment au succès de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925.

Le goût de René pour le théâtre lui fait accepter, en 1924, le poste du directeur artistique au théâtre de Monte Carlo. Il y reçoit notamment les Ballets russes de Serge de Diaghilev. En 1931, avec le colonel de Basil, il fonde et dirige les Ballets russes de Monte-Carlo. Faisant appel aux meilleurs chorégraphes et aux plus grands peintres, il présente les grands succès des Ballets russes et des pièces novatrices de George Balanchine, Léonide Massine et Michel Fokine. Sa troupe devient l’une des plus célèbres du monde et se produit régulièrement en Europe et aux États-Unis.

En 1940, quand les Allemands envahissent la France, René Blum avec sa troupe est en tournée aux Etats-Unis. Il choisit alors de revenir à Paris et ne cède pas aux supplications des amis de partir en zone libre.

Le 12 décembre 1941, René Blum est arrêté à son domicile parisien, lors de la « rafle des notables ». Le lendemain, il est envoyé au camp de Royallieu à Compiègne, puis interné au camp de Pithiviers et ensuite à Drancy, d’où il est déporté le 23 septembre 1942 par le convoi 36 au camp d’Auschwitz-Birkenau. Un télégramme ayant averti les autorités du camp de sa présence dans le convoi, il est, dès son arrivée, séparé des autres déportés, torturé et tué.

Source : Judith Chazin-Bennahum, René Blum and The Ballets Russes : In Search of a Lost Life, Oxford University Press, 2011.

 Photo : Portrait de René Blum, août 1914. © Mémorial de la Shoah/Coll. Laurent Hyafil

28 septembre 1942 – déportation de Milo Adoner

Né en 1925 à Paris, dans une famille d’origine polonaise.

La famille Adoner est arrêtée le 23 septembre 1942 et déportée le 28 septembre 1942.

Milo en est le seul survivant.

Samuel Émile Adoner, dit Milo, naît le 5 mai 1925 à Paris dans une famille juive pratiquante d’origine polonaise, le quatrième d’une fratrie de sept enfants. Son père, Mordekhaï (Mortré) Adoner arrive à Paris en 1919 ; il est artisan maroquinier à domicile et sert comme Hazzan à la synagogue de la rue Pavée pour les grandes fêtes. Sa mère, Marja Adoner, reçoit en 1937 le prix Cognacq-Jay du président de la République Albert Lebrun, destiné aux mères de familles méritantes. Les parents Adoner et leurs aînés, nés en Pologne, obtiennent la nationalité française en 1929.

Milo fait ses études à l’école élémentaire des Hospitalières-Saint-Gervais et obtient en 1937 son certificat d’études « avec mention ». Les lois raciales du gouvernement de Vichy l’obligent à abandonner les études et à devenir apprenti boulanger.

Le 23 septembre 1942, toute la famille Adoner est arrêtée. Seule sa sœur aînée, Charlotte Adoner, épouse de Marius Feigenoff échappe à la rafle. Ils sont conduits au camp de Drancy puis déportés par le convoi 38, le 28 septembre 1942, en direction d’Auschwitz.

Le convoi s’arrête à Kosel (Pologne) où Milo et son frère Salomon sont sélectionnés pour les travaux forcés et séparés des autres membres de leur famille, envoyés au camp d’Auschwitz-Birkenau où ils sont tous assassinés. Après une longue captivité de camps en camps, Milo est envoyé à Buchenwald, en janvier 1945 ; il y apprend la mort de son frère Salomon fusillé lors des marches de la mort. Milo est ensuite transféré au camp de Nierderhochschell. Evacué avec les autres prisonniers le 1er avril 1945, il parvient à s’évader et rejoint un camp de prisonniers de guerre français qui le cachent jusqu’à la libération par l’armée américaine, le 11 avril.

Après 982 jours de déportation, Milo retourne à Paris où il retrouve sa sœur aînée Charlotte, dont le mari a été fusillé au Mont Valérien en 1943, seule autre survivante de la famille. Témoin infatigable, militant de la mémoire juive, Milo Adoner est nommé officier de l’ordre national de la Légion d’honneur en 2016. Il s’éteint le 4 mars 2020 à Paris, à l’âge de 94 ans.

Source : « Samuel Adoner. Le dernier regard du père », dans Les derniers témoins, paroles de déportés recueillies par Jean-Pierre Allali, éditions Safed, 2004, p. 15-39.

Photo : Portrait de Charlotte, Salomon, Rebecca, Milo et Henri Adoner, frères et sœurs. France, 1930. © Mémorial de la Shoah/Coll. Milo Adoner

 

 

30 septembre 1942 – déportation de Pierre Masse

Avocat français, sénateur et secrétaire d’État.

Arrêtée le 21 août 1941 et déportée le 30 septembre 1942 au camp Auschwitz-Birkenau.

Mort en déportation.

Pierre Masse naît le 13 décembre 1879 à Ribérac (Dordogne), dans une famille juive d’origine alsacienne.

Docteur en droit et premier secrétaire de la Conférence des avocats en 1906, Pierre Masse est élu député de l’Hérault en 1914. Quelques mois plus tard, il part pour le front où sa conduite valeureuse est récompensée par la croix de guerre et la Légion d’honneur. En 1917, Paul Painlevé lui confie le sous-secrétariat d’Etat chargé du contentieux de la justice militaire et des pensions.

En 1919, il abandonne la vie parlementaire pour se consacrer à sa carrière professionnelle. Civiliste et avocat d’assises reconnu, il siège au conseil de l’Ordre de 1928 à 1934.

En 1939, il fait son retour en politique : il est élu sénateur de l’Hérault et adhère au groupe de la gauche démocratique. Le 10 juillet 1940 à Vichy, il tente vainement d’obtenir l’inscription dans la nouvelle Constitution de la garantie des libertés individuelles.

En octobre 1940, lors de la parution du décret chassant de l’armée les officiers d’origine israélite, Pierre Masse envoie au maréchal Pétain une lettre de protestation. En février 1941, alors qu’il reçoit une circulaire demandant aux parlementaires de préciser s’ils sont d’ascendance juive, il envoie une seconde lettre de protestation, exprimant son refus d’être traité en « Français de la deuxième catégorie ».

Pierre Masse est arrêté à son domicile le 22 août 1941, avec d’autres confrères, tous juifs et parmi les plus célèbres du barreau de Paris. Il est alors interné au camp de Drancy, puis à Compiègne, puis de nouveau à Drancy. Sa préoccupation principale dans ces deux camps est d’aider ses camarades de captivité, consolant les uns, partageant avec les autres les quelques colis qui lui parviennent. Xavier Vallat, commissaire général aux Questions juives, songe pourtant à le nommer, en raison de sa qualité d’ancien combattant et de son prestige, à la tête de l’UGIF, au point que sa libération est réclamée en mars 1942 par le cabinet civil du Maréchal. Les autorités d’occupation donnent une fin de non-recevoir.

Le 30 septembre 1942, Pierre Masse est déporté au camp d’Auschwitz-Birkenau par le convoi 39, d’où il n’est jamais revenu.

Sources : Pierre Masse : Ribérac 1879 – Auschwitz Birkenau 1942, Ordre des Avocats de Paris, 2009 ; Annette Wieviorka, Michel Laffitte, « A l’intérieur du camp de Drancy », Perrin, 2012.

Photo : Portrait de Pierre Masse. France, 11/10/1938. © Mémorial de la Shoah/Coll. Gérard Silvain