L’Allemagne 1933-1939

En Allemagne, la persécution des Juifs commence dès l’arrivée des nazis au pouvoir, dans une société allemande de plus en plus marquée par la violence qui frappent de nombreux groupes sociaux, opposés au IIIe Reich ou jugés déviants.

L’égalité civile dont les Juifs bénéficiaient en Allemagne depuis 1871 est brisée. Le champ des interdictions professionnelles s’étend progressivement de la fonction publique aux arts, à la culture, à l’armée, à la justice, à l’enseignement, à la médecine, à la presse et aux professions libérales. De multiples dispositions juridiques frappent les Juifs dans tous les domaines de la vie quotidienne. Au total, plus de 400 lois et décrets anti-juifs sont édictés entre 1933 et 1939, et près de 2 000 jusqu’en 1945.

En septembre 1935, la Loi pour la défense du sang et de l’honneur allemand et la Loi sur la citoyenneté du Reich, communément appelées les Lois de Nuremberg, privent les Juifs de la citoyenneté allemande et de tous les droits civiques qui y sont attachés, comme le droit de vote. Ils sont désormais considérés juridiquement comme des « sujets de l’Etat » et non plus des citoyens.

 

 

 

Plus de 500 000 Juifs sont directement concernés par l’application de ces lois. 250 000 autres personnes, issues de mariages mixtes, font l’objet de dispositions particulières.

Jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir nazi entend se débarrasser des Juifs en les forçant à émigrer. Contraints à l’exil, environ 150 000 Juifs quittent l’Allemagne dans les cinq premières années du régime, mais après l’annexion de l’Autriche en mars 1938, 185 000 Juifs sont intégrés au Reich. Toutes les mesures discriminatoires introduites en Allemagne depuis 1933 leur sont immédiatement appliquées.

Pour chercher une solution au problème des réfugiés, essentiellement juifs, qui fuient l’Allemagne, une conférence internationale est organisée à Evian du 6 au 15 juillet 1938. Elle se solde par un échec, aucun des 32 Etats participants n’acceptant d’assouplir sa politique d’immigration pour les accueillir.

Le tournant de l’année 1938

L’année 1938 marque un nouveau tournant dans la politique antijuive du régime nazi. Le 26 avril, les Juifs sont contraints par décret de déclarer tous les biens qu’ils possèdent. C’est le début d’un processus de spoliation appelé «aryanisation». Les entreprises appartenant à des Juifs sont systématiquement confisquées, les commerces fermés et les travailleurs indépendants contraints de cesser toute activité.

De plus, après l’exécution à Paris d’un conseiller militaire allemand par un jeune Juif polonais, Hershel Grynszpan, en représailles à l’expulsion récente des Juifs polonais vivant en Allemagne, une vague de violences anti-juives est organisée en Allemagne et en Autriche dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. 91 personnes sont assassinées, 267 synagogues saccagées et incendiées, et plus de 7000 magasins pillés. C’est la « Nuit de Cristal ».

35 000 hommes, âgés de 16 à 80 ans, sont arrêtés et envoyés dans les camps de concentration. C’est la première fois que des Juifs sont placés dans le système concentrationnaire au seul motif de leur judéité. L’émigration forcée des Juifs du Reich s’accélère. Au total, 120 000 Juifs environ quittent l’Allemagne après la « Nuit de Cristal ».

Le 30 janvier 1939, Hitler prononce un discours au Reichstag dans lequel il annonce que «si la guerre devait éclater, le résultat en serait l’extermination des Juifs européens».

 

Photo : La grande synagogue de Berlin incendiée lors de la Nuit de Cristal, Berlin. Allemagne, 11/1938

© Mémorial de la Shoah